La cabane aux coquilles

23 septembre 2019

Claire Lablache Designer Graphique et Manon Dubernet, Designer de Produits, ont soutenu à Bordeaux un projet de fin d'études sur la problématique du recyclage des coquilles d’huîtres.

Interview Claire Lablache et Manon Dubernet

 

 

Claire Lablache Designer Graphique et Manon Dubernet, Designer de Produits, anciennes étudiantes sur le campus de Bordeaux ont soutenu dans le cadre de leur Mastère Design Global Recherche et Innovation, un projet de fin d’études à 4 mains. Elles ont travaillé sur la problématique du recyclage des coquilles d’huîtres et obtenu un nouveau matériau.

 

 

Qu’est ce qui a motivé le choix de cette problématique ?

Nous sommes habitantes de la planète ! Devant l’urgence écologique, et en tant que designer, nous nous devons de réagir. Se confronter au problème de la raréfaction des matières premières, investiguer les processus de fabrication, réhabiliter la production locale dans une démarche d’économie circulaire sont des directions de travail assez incontournables.

 

Pourquoi les coquilles d’huîtres ?

Nous avons regardé autour de nous. Dans le bassin d’Arcachon, la conchyculture produit 10 000 tonnes d’huîtres à l’année. Travailler à la valorisation des bio-déchets marins en favorisant leur réemploi tout en développant une matière première intéressante nous paraissait porteur de sens.

 

Quelle a été votre démarche ?

Tout au long de ce travail, nous avons rencontré des gens, des savoirs faire, des techniques qui nous ont fait réinterroger et améliorer en permanence le projet.

A partir des coquilles d’huîtres, nous avons obtenu du granulat, de différents calibres. Cette poudre permet de remplacer le sable dans le processus de fabrication des carreaux de ciment. C’est un matériau très blanc, dont les propriétés de réflexion de la lumière peuvent être utilisées en milieu urbain. Le frein au développement de cette direction était le trop faible tonnage de coquilles d’huîtres disponible par rapport aux besoins de ce type de production.

Puis nous nous sommes intéressées au jouet de plage et avons essayé de développer une matière adaptée à ce produit. Nous avons cherché un liant naturel local. La matière ne se stabilisant pas, nous nous sommes intéressées au recyclage des résines de synthèses bio-sourcées présentes localement. Après de multiples essais, nous avons obtenu une matière rigide et légère, adaptée à notre problématique.

 

Pourquoi le choix de ce champ d’application ?

Tous les étés, les plages du Sud- Ouest sont est abîmées par le tourisme de masse. A la fin de l’été, elles sont envahies de déchets, notamment de jouets de plage cassés ou oubliés. Les jouets de plage représentent 25% de la production totale de jouets. Ils sont fabriqués en Chine, en plastique, matériau in-dégradable. Le seau de plage, en production locale était donc clairement un enjeu intéressant.

De plus, la plage est un endroit public, où l’on peut communiquer, un endroit favorable à une certaine éducation écologique. On y touche les familles, donc des enfants, dans un moment de détente, favorable au dialogue.

 

Quelle influence ce projet de fin d’études, que vous avez soutenu il y a deux ans maintenant, a-t-il eu sur votre vie professionnelle ?

Nous sommes très animées par cette envie d’apporter des solutions concrètes aux enjeux environnementaux comme aux problématiques sociétales. Ce projet nous a donné beaucoup d’autonomie et de maturité, de distance critique, de liberté de pensée.

Claire : « Juste après mon diplôme, je suis allée 5 mois aux USA apprendre à faire de la permaculture.  J’ai monté son propre studio de graphisme, à Lyon, je suis très intéressée par travailler sur ces problématiques là. ». Manon : « Je suis designer chef de projet et coach innovation au sein du Design Center de Thales Merignac.  Tout comme Claire, j’ai aussi ouvert mon auto entreprise pour varier les domaines d’applications du design, en parallèle. ».

 

Pourquoi un projet à 4 mains ?

Manon : « J’ai eu une expérience de travail au Vietnam. Ce pays est dévasté de déchets plastiques en tous genres et ne s’attache pas à « créer » à l’aide des techniques et savoirs faire traditionnels, ni des matières nobles qui les entourent. Il regorge d’artisans talentueux, de procédés et techniques uniques ainsi que de matériaux nobles mais malheureusement en voie de disparition. Ce constat a été le point de départ de mon travail de recherche. Ne pouvant pas agir en tant que designer dans ce pays où l’industrie reproduit des œuvres existantes à bas prix je me suis tournée vers notre environnement proche, le bassin d’Arcachon, ma ville natale et où j’ai grandi. ». Claire : « J’étais très attirée par le patrimoine, la recherche et la compréhension des différents savoir-faire. Nous avons connecté nos travaux de recherche. La méthode de travail était à inventer, un projet de diplôme à 4 mains, c’était une première à l’École de Condé ! ».

 

Travailler à deux, cela a été facile ?

Pas tous les jours! On a beau mener tous nos projets de Mastère en collectif, lorsqu’il s’agit du projet de diplôme, dans lequel on met beaucoup de soi, ce n’est pas la même histoire ! Mais cela a été passionnant et très instructif. Nous sommes conscientes que ce projet, l’une sans l’autre, n’aurait pas existé. Nous le devons à la synergie créée par notre complémentarité. Nous avons été toutes les deux très enrichies par cette collaboration. Nous avons élargi les champs habituels d’étude de nos deux spécialités, ce qui a été très bénéfique, cela a clairement étendu nos compétences et nous a ouvertes à de nouvelles manières de faire et de penser.

 

Et maintenant ?

Nous avons adoré ce travail. Il nous reste encore beaucoup d’adaptations techniques pour pouvoir le développer. Si nous trouvons la possibilité d’aller plus loin, nous foncerons !

 

En savoir plus 

PDF de leur projet

Mastère Design Global Recherche et Innovation

Mastère Matériaux Innovants et Développement Durable

 

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