Photographier le monde sauvage

4 mars 2019

Diplômé en 2014 du Bachelor Photographie et Image Animée de l’École de Condé Lyon, Charles Cherrier est photographe animalier.

Diplômé en 2014 du Bachelor Photographie et Image Animée de l’École de Condé Lyon, Charles Cherrier est photographe animalier. Il travaille actuellement à Whitehorse (Yukon), au Canada.

Vous êtes diplômé du Bachelor Photographie et Image Animée. Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir ces études ?

J’ai d’abord commencé par faire des études pour être biologiste et zoologiste, puis à vingt ans, je me suis réorienté. Mon père, qui voyait que je faisais beaucoup de photographie animalière depuis quelques années, m’a proposé de faire une école de photographie. J’ai envoyé mon dossier, j’ai eu un rendez-vous, et j’ai commencé l’école quelques semaines après.

Pourquoi avoir choisi de vous orienter vers la photographie animalière ?

Dès tout petit, j’étais passionné par la nature. J’aimais aussi beaucoup la photographier. A mes 18 ans, mes parents m’ont offert un Reflex, et tout s’est enchaîné. J’ai appris en autodidacte d’abord, j’ai fait des stages en photographie animalière, puis j’ai fait une école de photographie.

Quelles sont les particularités de la photographie animalière ?

En photographie animalière, il faut avoir une approche de biologiste : connaître l’animal et son environnement de prédilection. Il faut en amont beaucoup de renseignements sur le sujet, repérer les lieux pour savoir comment va être la lumière, savoir les habitudes de l’animal pour ne pas occasionner de gêne dans sa vie quotidienne. Ce n’est pas comme un modèle humain qu’on peut déplacer facilement. La plupart du temps, il faut se poser à un endroit, attendre que l’animal arrive, ainsi que la bonne lumière. C’est une photographie de l’attente. Les meilleurs photographes animaliers préparent leur photographie parfois de longues années à l’avance. Si un jour, en tant que photographe animalier, on arrive à capter l’image qu’on souhaite, on est très content car on a fait la bonne rencontre au bon moment.

 

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L’autre particularité de la photographie animalière, ce sont les problématiques d’éthique et du respect animal qui l’entourent. Récemment encore, certains photographes animaliers ont fait n’importe quoi avec la nature, ils nourrissaient des animaux sauvages avec des croquettes pour les attirer et gagner du temps, ils utilisaient des médicaments pour les rendre plus malléables. Récemment il y a eu un scandale de compositions réalisées avec des animaux morts. Pour ma part, il me semble que l’on doit se montrer irréprochables quand on rentre dans le monde animalier. Nous n’y sommes qu’invités et ça, nous ne devons pas l’oublier.

Parlez-nous de ce que vous faites en ce moment. Sur quels projets travaillez-vous ?

En ce moment je me promène dans différents endroits propices à la rencontre d’animaux. Jusqu’ici j’ai eu la chance de photographier l’ours polaire, l’ours noir, le lynx, le coyote, et bien d’autres. Au mois d’avril, j’ai prévu d’aller photographier le caribou tout au nord du Yukon. J’ai aussi lancé un gros projet au mois de juin sur Ulule pour aller photographier les Polynies. Ce mot vient du russe, il signifie «?trou dans la glace?». Il s’agit d’étendues d’eau libres ou recouvertes d’une mince couche de glace au sein de la banquise. Les Polynies regroupent les animaux de toute la chaîne alimentaire : du zooplancton à la baleine bleue, en passant par le narval, les ours polaires, etc. Il y a beaucoup d’animaux qui s’y réunissent à cette période de l’année, car ces zones constituent un habitat essentiel pendant leur migration annuelle.

Ce n’est pas un peu dangereux d’approcher des animaux sauvages ?

J’ai toujours eu plus peur des êtres humains que des animaux sauvages. Les gens disent que les animaux sont imprévisibles, mais je les trouve beaucoup moins imprévisibles que les êtres humains.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Je regarde des magazines de voyage ou de nature, et je m’intéresse aussi beaucoup au travail des autres photographes. Une des grosses références qui m’inspire en photographie, c’est Sebastião Salgado, qui a certes surtout fait des reportages de guerre ou sur les hommes, mais il est pour moi une source d’inspiration car il sait transmettre une émotion et une force dans ses images que je ne retrouve nulle part ailleurs.

Qu’est-ce qui vous caractériserait en tant que photographe ?

Je dirais ma compréhension des animaux.

Vous dites qu’un photographe animalier travaille longtemps pour réaliser la photographie de ses rêves avant d’y parvenir. Quelle serait la vôtre ?

J’ai une photographie rêvée pour chaque animal que j’ai photographié ou que je souhaite photographier. J’aime beaucoup les photographies qui présentent les animaux dans leur milieu naturel, mais aussi les magnifiques gros plans qui révèlent leur individualité à travers leurs postures, leurs activités, leurs particularités. J’ai déjà beaucoup travaillé sur les gros plans, mais réussir dans une photographie à souligner l’individualité de l’animal tout en l’insérant dans son contexte global, ce serait quelque chose que j’aimerais beaucoup réaliser.

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Le projet Ulule sur les polynies

Le catalogue de photographies de l’Ecole de Condé

 

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