Léopold Lambert questionne l’état d’urgence à l’École de Condé

25 janvier 2019

Lundi 28 janvier 2019 de 18h30 à 20h30, nous aurons le plaisir d’accueillir Léopold Lambert, rédacteur en chef du magazine anglophone The Funambulist, sur notre campus de Paris.

La conférence sera précédée d’une lecture/performance par Tristan Deplus & Tiphaine Kazi-Taniintitulée « L’expert et le cannibale : quelques notes sur la domestication ».

 

Instauré au soir des attentats du 13 novembre 2015 (130 morts), l’état d’urgence a pris fin en France 31 octobre 2017, deux ans après son instauration. Lui succède la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, qui intègre dans le droit commun des dispositions jusque-là réservées à l’état d’urgence.

 

Ce cadre juridique régule la gestion du territoire français par l’État. Par exemple, le préfet a désormais compétence pour instaurer des périmètres de protection sur le modèle des “zones de protection ou de sécurité” de l’état d’urgence. Ce périmètre est réservé à des lieux ou des évènements soumis à un risque d’actes de terrorisme. Dans ce périmètre, le préfet peut réglementer l’accès, la circulation et le stationnement des personnes, afin de pouvoir organiser, de manière très pratique, le filtrage des accès. On voit donc que ce cadre juridique crée une nouvelle approche de l’espace public pour les individus.

 

En quoi ce régime légal, créée en 1955 afin de combattre le mouvement révolutionnaire algérien, est-il révélateur de structures mentales héritées de notre histoire coloniale ? C’est la question que se pose Léopold Lambert dans son dernier livre États d’urgence : Une histoire spatiale du continuum colonial français (à paraître, 2019). Lundi 28 janvier, nous aurons le plaisir d’accueillir Léopold Lambert pour échanger autour du champ de recherche plus large sur lequel travaille Léopold Lambert depuis 2012 : dans quelle mesure les espaces et architectures en France matérialisent-ils une continuité ou une rupture avec notre histoire coloniale ?

 

Léopold Lambert est architecte de formation et rédacteur en chef du magazine anglophone The Funambulist, qu’il a créé en 2015. Ses recherches portent sur la dimension politique de l’espace et des corps dans différents contextes géographiques, notamment en Palestine et au sein du continuum colonial français. Il est l’auteur des livres Weaponized Architecture: The Impossibility of Innocence (2012), Topie Impitoyable: Les politiques corporelles des vêtements, du mur et de la rue (2015) et La politique du bulldozer: La ruine palestinienne comme projet israélien (2016). Son prochain livre s’appellera États d’urgence : Une histoire spatiale du continuum colonial français (à paraître, 2019).

 

La conférence sera précédée d’une lecture/performance par Tristan Deplus & Tiphaine Kazi-Tani intitulée « L’expert et le cannibale : quelques notes sur la domestication ». Tiphaine Kazi-Tani et Tristan Deplus proposent ici une histoire politique de l’aménagement périurbain en Île-de-France, qui passe par l’histoire coloniale de la France, la gestion des “classes dangereuses”, les mouvements de la domestication et d’ensauvagement des délaissés urbains, en partant de La Station – Gare des Mines jusqu’à la “grande banlieue”, en passant par les Caraïbes et les Maghreb. Cette lecture/performance est la réactivation d’une proposition présentée en juin 2018 dans le cadre des journées “Réinventer l’imaginaire du Grand Paris”.

 

Photographe, graphiste, éditeur, architecte sauvage ou encore historien non-autorisé de l’aménagement du territoire, Tristan Deplus accompagne et documente depuis une dizaine d’années des communautés issues des sous-cultures urbaines afin de témoigner des savoirs et tactiques de celles et ceux qui habitent la ville au présent, qui s’appliquent à rendre habitable l’inhabitable. Actuellement basé à Rennes, il mène une expérience de résidence collective sauvage à ciel ouvert à travers laquelle il teste et expérimente de manière dynamique les conditions d’accès à une forme d’autonomie et d’auto-gestion de l’espace urbain. Ce travail fait l’objet d’une publication dans le numéro d’Art Press de février 2019.

 

Designer, chercheur.e, enseignant.e, Tiphaine Kazi-Tani explore les manières dont se formalisent luttes, discours et savoirs minoritaires. Récusant la figure héroïque du designer activiste, i.el tente plutôt de repérer sous quelles conditions et dans quelles situations les activistes font du design. Son travail a été présenté à La Gaîté Lyrique, à la Biennale Internationale de Design de St Etienne, au Centre Pompidou, au California Center for the Arts, etc.

 

Rendez-vous lundi 28 janvier 2019 de 18h30 à 20h30. Cliquez ici pour vous inscrire : inscriptions.

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