IA et métier créatifs : les implications et le rôle de la formation

9 avril 2024

Retour sur la table ronde spéciale “IA et Métiers créatifs” à l'Ecole de Condé Paris. Un échange animé par un panel d’experts qui a démontré l’importance de se former à ces nouveaux outils et comment les intégrer à sa démarche créative.

Les IA font aujourd’hui partie intégrante du paysage numérique des métiers du design et de l’image. En tant que Grande école, l’École de Condé s’empare de ce sujet plus que jamais d’actualité afin de former les professionnels et créatifs de demain et de les préparer à ces enjeux.

Comment les IA peuvent-elles participer au processus de création ? Quelles méthodes peuvent être utilisées ? Est-ce qu’utiliser une IA c’est tricher ?

Autant de questionnements auquel nos 4 invités concepteurs, créateurs, chercheurs, ont tenté de répondre en partageant leur approche et leur pratique singulière avec les IA :

 

 

Les IA au cœur des programmes de l’École de Condé

L’intégration de la formation aux IA et systèmes génératifs est un des axes centraux de notre pédagogie à l’École de Condé.

En tant qu’établissement de formation, il importe de comprendre ces outils et les contraintes qu’ils engendrent afin de fournir à nos étudiants, futurs professionnels, les bonnes méthodes et les bons usages. Comme le souligne Ingrid Gantner, coordinatrice pédagogique nationale “Tout va vite dans le monde des IA et nous devons nous préparer au mieux afin d’éviter la précipitation.” 

Nous avons un premier temps développé avec Sonia Laugier, référente nationale des IA, un partenariat avec la HEAD, la grande école des arts et du design de Genève afin de mettre en place un comité de pilotage au sein de notre campus de Paris. L’enjeu est de ce comité est de développer des formats pédagogiques variés et cohérents dans la formation à ces outils.  

  • Un cycle de conférences telles que celle-ci interrogeant des professionnels et des experts et de bénéficier de leur retour d’expérience 
  • Des ateliers et des workshops permettant aux étudiants de s’initier à ces outils

 

 

Découvrez le workshop de rentrée “Imaginaires du futur, futurs des imaginaires” initié avec nos étudiants de Mastère Design sur l’ensemble de nos 8 campus

 

 

Singularité et processus de création par les IA

Par leur système génératif, les IA invitent à se questionner sur la singularité de sa démarche en tant que concepteur créateur. A travers leurs témoignages, nos intervenants démontrent qu’il est possible et indispensable de conserver sa parole dans son rapport et son utilisation des IA. 

Ces technologies ne doivent pas constituer l’élément unique et central d’un processus créatif. Elles sont avant tout des outils. 

Comme en témoigne Geoffrey Dorne, designer graphique indépendant,

“c’est un ingrédient de plus qu’il faut utiliser à bon escient”

Dans sa pratique de designer, auteur et chercheur, entre autres, Geoffrey Dorne pense les IA comme une matière première lui permettant de décomposer, de détourner, ou encore d’incruster des éléments inexistants dans une image. “Le design est l’outil de mes engagements, et les IA viennent s’ajouter à cette boîte à outil. Elles m’aident à me questionner, à comprendre pourquoi je lutte, comment je m’engage et quel designer je veux être. 

De leur côté, Lucie de Barbuat et Simon Brodbeck, duo de photographes, ont exploré comment les IA s’insèrent dans la photographie dans le cadre de leur travail “une histoire parallèle”. A partir de prompts, de suites de mots clés traduit par l’IA, ils ont tenté de retracer et de reconstituer l’histoire de la photographie. En créant un dialogue avec la technologie, ils se sont questionnés sur la capacité créatrice et créative des IA, qui à partir d’images et de mots clés génèrent de nouvelles photographies et produisent de nouvelles esthétiques.

Comme l’explique Lucie de Barbuat,

“On a pu créer des images historiques, reconstituer par exemple un Paris du 19e avec simplement des mots clés.”

Pour Julien Pacaud, illustrateur, les IA se sont aussi imposées comme des outils.

“Ce qui m’a séduit c’est que j’ai toujours travaillé à partir de matière existante et l’IA m’a permis d’ouvrir un champ des possibles énorme. J’ai toujours créé de manière instinctive et l’IA permet cela. Ce que je recherche dans ces outils c’est la surprise, c’est créer une image qui va m’interpeller”

 

 

Utiliser les IA c’est tricher ?

A cette question, les professionnels de cette table ronde sont unanimes : c’est une idée reçue ! 

Malgré la rapidité de génération des systèmes d’IA, il importe d’effectuer dans un premier temps un travail de sélection, de recherches. Le designer et professionnel de l’image ne doit pas s’arrêter à l’image générée mais la retravaille, la décompose, la transpose dans d’autres outils.  

Dans cette optique, Geoffray Dorne questionne ces notions de règles imposées dans le design. S’il n’est pas contesté d’utiliser des mockups ou encore des pictogrammes libres de droit pourquoi les IA seraient-elles synonymes de triche ? “S’il y a des règles, il faut se questionner sur quelles sont ses propres règles en tant que designer et quelle est son éthique.”  

 

 

 

Les intervenants insistent aussi sur la maîtrise d’un vocabulaire technique et de l’importance d’avoir suivi un cursus en école d’arts et d’arts appliqués.

“Les études d’art et de design sont importantes car plus on a un vocabulaire technique sur les matières, les techniques, le style artistique plus le résultat de l’IA correspondra au projet attendu “ exprime Geoffrey Dorne 

Pour Lucie de Barbuat et Simon Brodbeck, c’est justement ce vocabulaire technique et cette maîtrise de la photographie qui leur ont permis de créer une cohérence dans leur travail photographique “Une Histoire parrallèle”.  

Pour Simon Brodbeck, “on doit s’adapter et aller chercher dans notre savoir-faire mais d’une autre manière, plus littéraire. Il faut intégrer dans le processus de création qu’on ne peut pas aller exactement où on veut avec l’IA. C’est un dialogue il faut l’écouter et s’adapter. On ne peut pas prendre l’outil comme un absolu” 

En conclusion, nos intervenants insistent sur l’appropriation des IA. Les usages et les processus de créations sont multiples, le designer et spécialiste de l’image est le garant de la cohérence de ces idées et de ses messages. L’idée n’est pas de s’obliger mais d’être curieux, d’essayer, d’expérimenter sans penser pour autant centraliser l’ensemble de son travail sur ce seul outil.

“Tout est une question de choix, de regard sur le monde, d’expérimentation de tests pour raconter ce que l’on souhaite” exprime Geoffrey Dorne.  

 

Merci à nos 4 intervenants pour leur partage d’expérience ! 

Merci à Ingrid Gantner, Sonia Laugier et Stéphane Oiry pour l’animation de cette table ronde !  

 

 

La Table ronde en vidéo

Découvrez sans plus attendre cet échange passionnant et instructif sur les IA dans les métiers créatifs :