Parlez-nous de votre parcours en tant qu’illustratrice ?
Je suis née à Hong Kong, mon père est artiste peintre. J’ai grandi dans un atelier avec des pots de pinceaux partout, des tableaux de peinture à l’huile du sol au plafond et des livres d’art débordant des étagères.
Nous sommes arrivés en France, j’avais six ans. Petit à petit, je me suis tournée vers l’architecture et l’urbanisme. J’ai obtenu un diplôme d’ingénieur de l’école des ingénieurs de la ville de Paris. J’ai travaillé en début de carrière dans des bureaux d’études de transport et d’aménagement de l’espace public. J’aimais beaucoup mon métier.
J’adore le travail en équipe et être au service du public. Je continuais à dessiner en prenant des cours par-ci par-là, le soir, le week-end, en dehors de mes horaires de travail, mais au fils des années, je sentais que je ne progressais pas assez vite. Je n’arrivais pas à me dégager suffisamment de temps pour dessiner et je me sentais frustrée par mon niveau. J’avais aussi un projet d’écriture et de dessin en tête depuis plusieurs années que je ne parvenais pas à réaliser.
J’ai alors décidé de contacter l’école de Condé pour m’aider à concrétiser ce projet.
Comment est née la collaboration avec Condé ? Quel souvenir retenez-vous de votre passage en tant qu’étudiante ?
Quand j’ai rencontré la Directrice de l’école (Dominique Beccaria à l’époque), je crois qu’elle a surtout vu en moi une énergie et une volonté. Je n’avais pas un très bon niveau en dessin mais elle ne semblait pas très inquiète pour ça. « La technique, on finit par y arriver ».
J’ai eu beaucoup de chance car la classe que j’avais intégrée en illustration avait une énergie folle et une ambiance très joyeuse. Je souhaite à tout le monde d’avoir cette chance de reprendre les bancs de l’école car on vit les choses de manière totalement différente avec plus de maturité. Chaque exercice était l’opportunité de se montrer créatif et d’expérimenter.
J’appréciais autant les échanges que j’avais avec les intervenants qu’avec les élèves de ma classe. Leurs regards étaient justes, de qualité et pertinents. On avait aussi des rencontres, des workshops, des sorties… C’est tout ça qui permet de faire maturer notre travail.
Comment avez-vous intégré l’histoire, les valeurs de Condé dans vos illustrations ?
Quand France Barrois m’a contactée (actuelle Directrice générale de Condé) pour cette collaboration, j’étais ravie.
Je reviens à l’école avec un autre regard, puisque ça fait déjà 8 ans que j’en suis sortie.
Je suis à présent scénariste et dessinatrice de bande dessinée et illustratrice professionnelle. Nous avons lancé notre collaboration par une réunion de travail pour parler librement de nos envies et nos idées pour ce projet. Je devais effectuer deux propositions : une base typographique et des affiches illustrées.
Pouvez-vous nous parler du processus créatif, des différentes étapes de création ?
A l’issus de nos échanges, on retient pour l’affiche principale des éléments graphiques forts mais aussi l’aspect humain qui se dégage des élèves et des enseignants.
D’où la création de tous ces personnages et du lien entre eux, en les reliant aux éléments symboliques de l’école.
Pour l’alphabet ou l’exercice typographique, mon intervention vient interrompre et créer la surprise sur la charte de l’école. D’où un trait finalement assez pur, dessiné sur le vif pour créer du mouvement.
Qu’est-ce qui vous a le plus inspirée dans ce projet ?
Nous avions pensé initialement au travail de Paul Cox pour l’alphabet mais il a fallu s’en écarter rapidement. Il y avait des contraintes à respecter dans les rapports de tailles entre mon écriture et celle de l’école ainsi que la charte couleur. Les différents essais n’étaient pas concluants.
J’ai aussi effectué des tentatives à l’aquarelle, pour ramener de l’organique et de l’onirisme mais le rapport entre mon écriture et celle de l’école n’était pas harmonieux.