Rahma Kenza Rahim, récompensée par le Festival d’Angoulême

13 février 2023

La 3e place du Prix Jeunes Talents du Festival International de la BD d’Angoulême a été attribuée à Rahma Kenza Rahim, étudiante en Bachelor sur le campus EDC Marseille. Rencontre avec une jeune illustratrice qui s’inspire de son histoire familiale..

Quel est ton parcours au sein de l’école de condé ?
Je suis arrivée à l’école de condé cette année en Bachelor 3 Illustration-Bande dessinée. J’ai un parcours un peu atypique puisqu’après le bac, j’ai d’abord fait deux ans de sociologie-anthropologie, puis deux ans aux Beaux-arts de Saint Etienne. J’ai ensuite arrêté les études pendant trois ans, avant de les reprendre cette année à Marseille à l’école de condé car j’étais restée plutôt frustrée de mes études précédentes où finalement peu de place était accordée au dessin.

Pourquoi avoir choisi une formation en illustration-bande dessinée ?
L’envie de faire du dessin et puis mon intérêt pour les livres évidemment. J’aime les livres, les pages, le contact avec le papier et non un écran, et je trouve ça hyper graphique d’avoir des cases et de pouvoir jouer avec pour raconter des histoires.

Comment s’est déroulée ta candidature pour le concours Jeunes Talents du Festival d’Angoulême ?
J’ai intégré l’école de condé à la rentrée de septembre 2022. De septembre à novembre, la classe avait comme gros projet de faire 3 à 6 planches de BD avec la possibilité de les présenter ou non à Angoulême. Pendant toute cette période, nous avons été suivis par plusieurs professeurs et à l’issue de ces trois mois, j’ai décidé d’envoyer mon projet.

Qu’est-ce qui t’a décidée à le faire ?
C’est la première année où je fais vraiment de la BD et je me suis dit que ce serait peut-être la seule et unique occasion de ma vie de faire ce concours-là. J’ai aussi eu des profs géniaux à l’école de condé qui m’ont permis de me lancer. Richard Di Martino, Mohamed Labidi, David Orsman, Bruno Bessadi et Christophe Bataillon, profs d’illustration, de BD ou de narration, m’ont soutenue du début à la fin pour que je fasse ce concours-là. Pour être honnête, s’ils n’avaient pas été derrière moi, je n’aurais sans doute pas eu le courage d’envoyer quoi que ce soit à Angoulême. Je n’étais pas sure de mon travail et ils ont été là pour m’encourager et m’accompagner, à la fois d’un point de vue graphique mais aussi sur la question de la légitimité de montrer mon travail à l’extérieur. Leur suivi s’est manifesté concrètement par beaucoup d’échanges avec nous, des retours personnels fréquents et vraiment constructifs, des critiques et des encouragements.

Je n’étais pas sure de mon travail et les profs de l'école de condé ont été là pour m’encourager et m’accompagner graphiquement mais aussi sur la question de la légitimité de montrer mon travail à l’extérieur.

Rahma Kenza Rahim

Cette reconnaissance, elle représente quoi pour toi ?
J’étais vraiment super contente car j’ai toujours regardé le Festival d’Angoulême de loin, n’ayant jamais eu les moyens d’y aller. C’était une fierté de me dire que je démarrais quelque chose et que j’avais gagné un Prix pour cela dans ce Festival de référence.

Quelle thématique as-tu choisie d’aborder dans ta BD ?
La thématique de départ était libre et il y a des domaines que j’avais envie d’aborder dans mon travail. J’ai voulu parler de l’histoire de mon grand-père, travailleur musulman arrivé à Lyon dans les années 60 pour reconstruire la France à une époque où on avait besoin de main d’œuvre. Pour moi, le meilleur moyen de parler d’un sujet est de traiter un sujet qu’on connait, j’ai donc choisi d’aborder ce thème et j’y ai forcement mis de moi et ma famille dedans. Quand on fait partie de la 3e ou 4e génération d’immigrés, c’est quelque chose qui revient forcement sur la table. Il faut savoir, comprendre, pourquoi on est là… On n’est rien de plus que des arabes en France, il y a des injustices et des choses qui se passent dans le pays dans lequel on vit et pour moi c’est primordial de les aborder. Ce n’est pas forcément dans le but de faire passer des messages, mais plus dans le but de dire les choses.

Comment as-tu conçu tes planches ?
Sur ce projet, je me suis imposée des contraintes, je voulais créer trois planches sans personnages, juste des décors et du texte. Pourquoi ce choix de faire sans personnages ? Ça me permet de parler de la reconstruction d’un pays, la France, de façon très concrète : des briques, du béton et une ville qui se construit au fur et à mesure. Pour faire trois planches, j’aurais été limitée dans ce que j’aurais pu vouloir raconter si j’y avais mis des personnages alors que, là, ça a une valeur un peu plus percutante, car je parle de mon grand-père bien sûr mais au final ça parle des centaines de milliers de personnes qui sont venues en France dans les années 60.

En quoi l’école de condé t’a permis de progresser en illustration-BD ?
Cette année en B3 m’a appris les règles fondamentales de la BD. Elle m’a appris aussi à être plus disciplinée dans mon travail et produire de vraies choses en utilisant différents outils, à sortir des facilités que je peux avoir et me confronter à un réel projet, le commencer et le finir. Si je dois vraiment retenir une chose de ma première année à l’école de condé, ce serait vraiment la bienveillance et la capacité des professeurs à nous transmettre les choses.

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