La revue Illuzine met à l’honneur l’illustration contemporaine

14 mars 2023

Lancée il y a un an par Stéphane Oiry, Maxime Barbier et Grégoire Gicquel, tous trois professeurs à l’école de condé, Illuzine est une Revue consacrée à l’illustration contemporaine. Echanges avec son rédacteur en chef, Stéphane Oiry.

Illuzine, qu’est-ce que c’est ?

Illuzine, c’est une revue consacrée à l’illustration avec de la réflexion, des articles de fond, des points de vue d’auteur, des chroniques d’albums et bien évidemment de l’illustration. A l’origine, c’était un blog sur internet développé après la création de la Section Illustration à l’école de condé à Paris. Ce site fonctionnait alors comme un journal où les étudiants publiaient des reportages dessinés, du dessin de presse et leurs travaux réalisés à l’école. J’ai ensuite délaissé cette formule pour une formule sur papier, un petit fanzine de quelques pages en noir et blanc format A5, réalisé spécifiquement pour les Journées Portes Ouvertes de l’école. Puis le projet s’est arrêté pour revenir finalement, il y a deux ans, sous la forme actuelle d’Illuzine à l’initiative de France Barrois et Natassja de Mourzitch, alors respectivement Directrice ajointe et Directrice du Campus parisien de l’école de condé.

Quelle est l’ambition actuelle d’Illuzine ?

Ne pas se cantonner à publier les travaux des étudiants mais être une revue dédiée à l’illustration avec l’idée de faire se côtoyer plusieurs générations, les gens qui viennent de condé et ceux qui ont d’autres parcours. Sa forme actuelle a vocation à fonctionner de façon indépendante même si c’est à l’école qu’elle trouve son énergie.

Quels sont les réseaux de diffusion de la revue aujourd’hui ?

Nous publions deux numéros par an, mais notre souhait serait d’être une revue trimestrielle. Nos réseaux de diffusion sont assez modestes pour le moment, nous fonctionnons avec des galeries, certaines librairies amies. On participe aussi à un certain nombre d’événements autour de l’illustration-bande dessinée comme le Festival d’Angoulême ou le Festival SoBD. La revue est vendue 6 euros.

Pourquoi ce nom ‘Illuzine’ ?

Dans ‘Illuzine’, on retrouve clairement une référence à l’illustration, au fanzine ou magazine, et enfin c’est aussi un jeu de mots avec ‘usine’ pour évoquer une forme de production, un lieu de production d’images.

Qui est derrière cette revue ?

Maxime Barbier, Grégoire Gicquel, professeurs de graphisme à l’école de condé, et moi-même. Maxime Barbier est responsable de la maquette et de l’identité graphique de la revue et a une façon de mettre en page l’illustration qui donne toute sa place au trait et à la couleur. Cela participe à la valorisation des travaux avec toujours cette idée de mettre l’illustration au centre. Grégoire Gicquel est le créateur de la typo « Illuzine ». Nous sommes aidés cette année par les trois résidents en résidence à l’école de condé : Marguerite Boulanger, Tom Dubois, Florian Jotteur.

Illuzine, ce sont déjà trois numéros dont le dernier sorti en janvier 2023. Comment définissez-vous les thématiques abordées dans chacun d’entre eux ?

Au départ, il n’y a pas vraiment de thématique définie, elle se construit au fil de l’élaboration de façon plus ou moins consciente. Par exemple, dans notre dernier numéro qui accueille en couverture une illustration de voyante, je me suis rendu compte qu’il explorait ce que pouvait être l’avenir de l’illustration avec, notamment, un article d’un ami universitaire, Jean-Noël Lafargue, qui a écrit sur la thématique de l’intelligence artificielle. Illuzine, ce sont aussi des Rencontres éponymes qui ont lieu sur le Campus Paris de l’école de condé. On y invite des auteurs.trices à rencontrer les étudiants autour de longs entretiens de deux heures préparés en amont par Jean-Charles Andrieu de Levis, le responsable des Mastères. Il est aidé dans l’organisation des Rencontres par Grégoire Gicquel. Ces entretiens sont par la suite retranscrits et trouvent leur place dans la revue, marquant ainsi fortement la tonalité du numéro dans lequel ils s’insèrent.

Pourquoi Illuzine a-t-elle à cœur de faire se rencontrer les générations ?

Je m’inscris ici dans quelque chose qui est un peu l’ADN des revues en Illustration et BD, qui sont historiquement des laboratoires favorisant l’émergence de nouveaux talents. J’avais dirigé une revue il y a des années de ça qui s’appelait Capsule Cosmique et qui avait déjà cette ambition. La vocation est d’expérimenter et faire découvrir de jeunes auteurs car on sait que c’est un secteur où les jeunes qui arrivent ont besoin de supports pour grandir et affirmer une identité. Il y a aussi évidemment une dimension pédagogique pour les étudiants de l’école de condé : c’est très formateur de voir son travail publié, cela permet d’avoir un recul dessus et, se côtoyer à des signatures confirmées, c’est une motivation. C’est intéressant pour montrer toute la diversité qui existe, que les différentes générations ont une approche de l’illustration qui n’est pas forcément la même.

Illuzine était présent au Festival d’Angoulême cette année. Que vous a apporté cette présence ?

Angoulême, c’était un moyen d’affirmer l’existence de la Revue car c’est un des festivals les plus importants en France, toutes pratiques confondues. C’était l’occasion de vendre aussi des revues et de multiplier les rencontres pour faire des appels à contribution de personnes extérieures à l’école pour les prochains numéros.

Qui est Stéphane Oiry ?

Stéphane Oiry est Professeur d’illustration et bande dessinée pour les Mastères 1 et 2 de l’école de condé depuis la création du cursus Illustration en 2011 sur le campus de Paris. Sa formation l’amène d’abord vers des études d’architecture à l’école d’architecture de Strasbourg, mais il continue en parallèle de pratiquer le dessin qui l’attire davantage. Avec des étudiants de la section Illustration des Arts Déco de Strasbourg, il commence à faire du fanzinat, de l’autopublication et de la micro-édition. C’est en 1998 qu’il est publié, d’abord dans le secteur de la jeunesse avec une série récurrente pour le magazine Sciences & Vie Découvertes et des collaborations régulières avec Bayard et Astrapi. Il crée ensuite en 2004 la Revue Capsule Cosmique éditée chez Milan avant de se tourner vers un public adulte avec la Série Les Passe-Murailles parue aux Humanoïdes associés avec Jean-Luc Cornette. Multipliant les expériences, il est aussi amené à travailler dans le domaine de l’animation pour différentes séries télévisuelles autour de la création de personnages avec notamment une adaptation de La mouche de Lewis Trondheim. Lorsqu’il enseigne à l’école de condé, il a à cœur de ne pas créer de frontière entre l’illustration et la bande dessinée afin de favoriser la formation de profils tout terrain parmi ses étudiants. « Le dessin ouvre plein de portes et reste du dessin quel que soit le domaine. Il faut juste savoir être ouvert à toutes ces possibilités ».