Inbar Heller Algazi a été diplômée d'un Bachelor Illustration à Condé Toulouse en 2021. Inbar explore une variété de techniques pour capturer des moments poétiques et des histoires intimes qu’elle traduit sur papier.
Le choix d’étudier dans ce domaine s’est-il toujours imposé à vous comme une évidence ?
Je suis passionnée par la littérature jeunesse depuis longtemps. Avant même de commencer mes études, j’avais déjà la conviction que c’était ce que je voulais faire. Pour moi, ce domaine représente une rencontre unique entre le texte et l’image, au service de la narration pour un jeune public. Bien que je fasse aussi de l’illustration pour adultes, c’est dans la littérature jeunesse que je trouve mon véritable épanouissement.
Pour quel type de clients travaillez-vous ?
Actuellement, je collabore principalement avec des maisons d’édition. J’aime à souligner que je ne travaille pas pour elles, mais avec elles, et cette distinction est très importante pour moi. Je travaille avec des éditrices avec lesquelles j’ai un lien très enrichissant.
La première est Valérie Cussaguet, des Éditions Les Fourmis Rouges, qui a édité mon premier album, Le Livre de Gill et Flop, paru en 2022. Je viens d’ailleurs de publier un nouvel album intitulé Et si Nono. Puis, il y a Véronique Haïtce de l’École des Loisirs. Ce sont deux personnalités très différentes, mais avec qui j’aime beaucoup travailler.
Votre rapport à l’illustration a-t-il évolué en passant du statut d’étudiante à celui de professionnelle ?
J’ai gagné en confiance dans mon trait, cependant, mon rapport à l’illustration n’a pas radicalement changé car je continue à apprendre et à explorer. Même en tant que professionnelle, je me considère encore comme débutante et je tiens à conserver ce regard curieux et expérimental que l’on développe pendant les études. Je souhaite continuer à chercher, à découvrir de nouvelles choses, à me perfectionner et surtout à aller plus loin, sans me limiter à ce que je sais déjà faire.
Comment percevez-vous les tendances actuelles dans le domaine de l’illustration ?
Je remarque avec plaisir un retour aux techniques manuelles dans l’illustration contemporaine, un phénomène qui s’est peut-être intensifié avec les confinements et la période des années 2020. Il semble y avoir une volonté de renouer avec des matériaux traditionnels, comme le papier et les traits réalisés à la main, qui offrent à mon sens un rendu distinct de celui des outils numériques. Je trouve qu’il y a une magie particulière dans les techniques manuelles.
Donc, vous utilisez davantage le dessin à la main plutôt que la tablette ?
En fait, je n’utilise pas du tout la tablette. Mon ordinateur me sert principalement à écrire des mails et des textes.
Comment ces inspirations vous aident-elles à travailler ou à imaginer un nouvel univers ?
Je ne crois pas vraiment au concept de talent inné. Je pense plutôt que nous sommes le résultat de nos expériences, de ce que nous avons pu voir, lire, et absorber. Toutes ces petites influences, venant de divers domaines, se transforment et se reflètent dans nos créations, à travers nos mains.
Que vous apportent les expositions dans les galeries et musées, en plus de votre métier d’illustratrice ?
Les expositions me permettent d’explorer une autre facette de ma créativité. Ce qui m’intéresse, c’est de raconter des histoires, mais aussi d’expérimenter des techniques qui ne trouveraient pas forcément leur place dans des projets d’édition. Les expositions me donnent l’occasion d’aborder des thèmes différents. C’est un véritable besoin personnel, une pratique artistique que je fais avant tout pour moi, indépendamment de mon travail d’illustratrice.
Quelles compétences acquises à Condé vous sont utiles dans votre vie professionnelle ?
C’est une question complexe, mais je dirais que j’avais déjà une volonté très claire de me diriger vers l’illustration en arrivant à Condé. Cela m’a sans doute facilité la formation, car je savais ce que je voulais faire par la suite. En même temps, la diversité des enseignements, y compris dans des domaines qui ne sont pas directement liés à l’illustration, a été une vraie surprise et un enrichissement pour moi. Par exemple, le design graphique et la typographie, pour laquelle j’ai développé une passion particulière, m’ont énormément apporté dans ma pratique du dessin. Finalement, ce sont surtout les rencontres avec des professeurs qui m’ont profondément marquée et qui ont nourri mon envie de créer. Ces expériences ont laissé une empreinte durable sur ma manière de travailler.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants de Condé qui aspirent à devenir illustrateur·rice ?
Je leur recommanderais de fréquenter régulièrement les librairies, de prendre le temps de feuilleter les livres, et de participer à des événements liés à l’illustration, tels que des festivals ou des tables rondes, afin de nourrir leur créativité. Il est également essentiel de bien s’informer sur la ligne éditoriale de chaque maison d’édition. Enfin, partager son travail sur les réseaux sociaux, en particulier Instagram, est un excellent moyen d’échanger avec d’autres illustrateurs et d’élargir son réseau professionnel. D’ailleurs, mon prochain projet, une pièce de théâtre écrite par Marie-Hélène Larose-Truchon intitulée « Joséphine et les grandes personnes », sortira aux éditions L’Arche en octobre.
Pour retrouvez l’interview complète d’Inbar Heller Algazi, rendez-vous sur Condé-Connect !